L'imaginaire de Xavier.


J’ai tué ma mère, le premier film de Xavier Dolan, trois fois primé à Cannes, avait marqué au fer rouge l’entrée du réalisateur dans le monde du cinéma. On ne put que s’extasier devant la justesse, la beauté de ses images et la grande maturité dont il fait preuve tout au long de son film. Etonnante maturité, inconcevable même, pour le jeune québéquois qui est alors âgé d’à peine vingt ans. Xavier surprend, touche, provoque le spectateur, qui est séduit sur le coup. «Un génie » diront les uns, « le nouveau Godard » diront les autres. Si tout cela est vrai, il n’en reste pas moins qu’il est avant tout lui, Xavier Dolan. Avec brio, il construit un monde singulier, distinct, le sien. Avec ses amours, ses espoirs, ses décéptions. C’est la vie telle qu’on la cotoie tous les jours, tantôt emplie de joie, tantôt de tristesse, tantôt d’amour, tantôt de solitude. Un scénario doux et juste, écrit par un garçon au talent fou. Et si il est sûr qu’il y a du génie chez lui, il n’en demeure pas moins modeste et empli de doutes. Xavier Dolan craint que son cinéma soit éphémère, qu’il ne dure pas. Alors il continue à s’exprimer, vigoureusement, pour laisser sa marque dans l’histoire du Septième Art. Après le succès évident remporté par son premier film , le deuxième était attendu de toutes parts. Au premier jour de sa sortie au cinéma, j’étais installée sur mon siège, attendant avec une formidable impatience le début du film. Et encore une fois, je suis sortie toute retournée par tant de beauté. Dans un registre totalement différent, Les amours imaginaires est un nouveau chef-d’œuvre. Marie et Francis se retrouvent entravés dans un triangle impossible et se livrent à une bataille muette pour l’amour de Nicolas. Véritable western amoureux, le film pose avec justesse la question de l’amitié et de l’amour, mais surtout de la solitude et du manque. L’œuvre de Xavier Dolan est aussi ponctuée de témoignages sur l’amour, petits intermèdes drôles et touchants. Dans ces courts récits de vie, les comédiens se confient à la caméra du réalisateur, parlant de leurs espérances et de leurs désillusions. A nouveau, le cinéma de Xavier Dolan frappe par son exactitude, sa capacité à représenter, à capter la réalité du quotidien. Il décrit avec finesse le besoin de l’être humain d’aimer et d’être aimé en retour, et peint avec intelligence la souffrance de l’amour à sens unique. Les comédiens, parfaitement dirigés, contribuent grandement à l’authenticité du film. Nils Schneider, qu’on avait déjà pu voir dans J’ai tué ma mère, incarne un Nicolas démoniaque, à la beauté angélique, doux et provoquant. Monia Chokri – quant à elle – crève l’écran dans le rôle de Marie, jeune femme hors du temps, qui cherche à combler sa solitude. Et puis il y a Francis, interprété par Dolan lui-même, qui veut tomber amoureux de Nicolas pour lui aussi ne plus être seul. Un trio redoutable pour un film parfaitement réussi.

Certains diront peut-être que le cinéma de Xavier Dolan est trop esthétique et trop maniéré, je dirai qu’il a là trouvé un moyen de conférer au quotidien une beauté insoupçonnable et de dépeindre la vie à sa manière, sublime et cruelle.
A voir absolument!

28 octobre 2010

Enregistrer un commentaire

Fourni par Blogger.

About.

Ma photo
Deux filles... une ville... plein de possibilités! Rejoignez-nous sur Facebook!